TRUE DETECTIVE, SAISON 2 – UNE ANTHOLOGIE

«Je déteste cette série, c’est de la branlette ». C’est en ces termes choisis et définitifs que, lors d’une récente et passionnante interview, James Ellroy a qualifié la première saison de True Detective. Il n’a pas tort le pape du polar qui, sous sa tiare, estime que la série lui a raflé bon nombre d’idées.

C’est de bonne guerre même lorsque l’on sait qu’il travaille actuellement avec David Fincher au développement de Shakedown, une série pour HBO prenant pour toile de fond le Los Angeles des années 50. Pour un peu, on le soupçonnerait presque d’avoir été échaudé par l’immense succès, tant public que critique, de True Detective saison 1.

L’avenir dira s’il avait raison, ou plus exactement si son sentiment d’auteur plagié avait raison d’être. Car d’ici quelques heures c’est une remise à zéro des compteurs qui s’opère, un rebattage des cartes, un flash reboot des mémoires façon Men in Black.

A 3h du matin, heure française, ce seront les résidents de la côte est des Etats Unis qui auront le privilège de découvrir le premier épisode de la nouvelle saison de True Detective.

Exit le duo de policiers Rust Cohle (Mattew Mc Conaughey) et Marty Hart (Woody Harrelson) et leur traque existentielle sur près de 20 ans du Roi Jaune dans la moiteur oppressante de la Louisiane. Bienvenue cette fois à un quatuor : 3 officiers de police et un business man mafieux, interprétés par Colin Farrell, Rachel McAdams, Taylor Kitsch et Vince Vaughn, dont les destinées s’entrecroisent suite à un meurtre sordide. Nouveau décors enfin : le soleil brulant et le souffle sec de la Californie, plus précisément la ville (fictive) de Vinci.

C’est le principe même d’une anthologie : repartir de zéro à chaque épisode, ou nouvelle saison. Ne conserver pour fil narratif qu’un thème, un univers, une atmosphère. Un procédé autrefois courant, principalement réservé aux productions fantastiques et horrifiques, et justement remis au goût du jour en 2011 par la série American Horror Story.

Cette logique de redistribution des cartes, le scénariste et showrunner de True Detective Nick Pizzolatto la pimente encore un peu en confiant intégralement chaque saison à un réalisateur différent : Justin Lin succède donc à Cary Fukunaga. Lourd et difficile héritage lorsque l’on sait combien l’ahurissant plan séquence de l’épisode 4 de la saison 1 a imprimé durablement nos rétines cinéphiles.

Dans quelques jours nous saurons donc si James Ellroy peut revendiquer plus de paternité que son génie littéraire lui a pourtant déjà offert.