CANDANCE PAYNE OU L’HILARITÉ AU SERVICE DE LA VIRALITÉ

Ce week-end c’est une certaine Candace Payne qui s’est offert un « Break the Internet » rien qu’à elle, en publiant en live sur son profil Facebook une vidéo à priori bien anodine et surtout confidentielle puisque initialement destinée à son seul réseau d’amis. Résultat des courses : 139 887 496 vues à la minute où nous rédigeons ces lignes. Elle marque ainsi le nouveau record depuis l’invention de Facebook Live.

Vous ne l’avez pas encore vu, alors c’est le moment de profiter ce moment d’hilarité contagieuse.

Les chiffres c’est bien mais c’est encore mieux lorsqu’on les rapporte à des données démographiques factuelles. Ainsi, c’est donc comme si l’intégralité de la population française et allemande avait visionné ses 4 minutes de gloire. Et encore, on ne tient pas compte des sites professionnels en vidéo virales ni des médias TV qui l’ont relayée soit plusieurs dizaines de millions de vues supplémentaires.

Dans le principe, on est sur un format « unpacking » : Candice retire de son conditionnement un objet qu’elle conserve mystérieux le plus longtemps possible, tout en prenant soin de le rattacher à l’univers Star Wars, histoire de faire monter le suspens mais aussi de partager sa passion immodérée pour la franchise cinématographique, rappelons-le, la plus rentable de toute l’histoire du merchandising.

Elle précise même que ce cadeau, c’est rien que pour elle-même et pas pour ses mômes : no way ! Elle extirpe enfin de la boîte un masque de Chebawacca, le place sur son visage et là ça part en fous rires irrépressibles, du fait notamment que ce masque dont la mâchoire est articulée produit à chaque mouvement du menton le cri si distinctif de notre Chewie adoré.

Que faut-il en déduire ou plus exactement en retenir ?

Et bien tout d’abord que c’est plutôt rassurant qu’une anonyme parvienne, à l’occasion d’une prestation vraisemblablement tout ce qu’il y a de plus improvisée, à générer un tel effet boule de neige. On a en effet enquêté un minimum, et rien pour l’instant du moins, ne laisse présager que Candace ait été missionnée que ce soit par Disney – propriétaire de la franchise Star Wars – ni par le fabricant des jouets, ni encore par le distributeur – l’enseigne Kohl’s – auprès de qui elle a acquis le jouet.

Concernant ces derniers c’est tout bénef ! Bon, concernant Disney, ce n’est sans doute qu’une goutte d’eau dans un océan de billets verts, mais pour le fabricant comme pour le distributeur, aucune campagne de pub ou opération marketing « classique » n’aurait sans doute permis d’obtenir un tel succès. La preuve en est que non seulement ce dernier s’est retrouvé en quelques heures en rupture de l’article mais encore que pour récompenser Candance, il lui a fait don de 2500 $ de bon d’achat.

Et ça ne s’arrête pas là, puisque Kohl’s a dans la foulée confié à l’agence Huge la production d’une vidéo surfant sur l’événement où l’on voit justement un représentant de l’enseigne remettre à sa meilleure cliente et ses enfants un lot de jouets, bien sûr toujours estampillés Star Wars, ainsi que les bons d’achat.

Ainsi donc, partant d’une démarche vraisemblablement tout ce qu’il y a de plus privée et spontanée, un succès commercial est né pour se professionnaliser ensuite, à l’initiative du retailer qui compte bien surfer un maximum sur la vague déclenchée par une certaine Candance Payne. Ce sachant que ces instants de grâce ne dure que la durée de vie d’un papillon tant le web est impitoyable en termes de pérénité.

Moralité de l’histoire : fabriquez et commercialisez les meilleurs articles, proposez des services satisfaisant à de vrais besoins et vous aurez peut-être la chance que vos clients vos offrent gratuitement la plus puissante opération en communication et le tout free of charge.

NB : peut-être l’avenir nous dévoilera qu’il s’agissait d’une OP totalement calibrée en amont, mais on en doute sérieusement. Candance Payne vient mine de rien de poser une nouvelle pierre sur le chemin de la révolution digitale. Assurément certains annonceurs tenteront d’embrayer sur la même dynamique. Il nous reviendra alors de savoir distinguer les vraies rires d’une anonyme devenue star du web l’espace d’un we de ceux de comédiens mandatés pour l’occasion. Autrement dit : restez vigilants et sachez reconnaitre une vessie d’une lanterne.