MOTION DESIGNER, MAIS QUEL EST TON MÉTIER ?

Actualisation du 23/04/2020

Le confinement a profondément modifié notre rapport au temps et, quand bien même le contexte dramatique de la pandémie en cours, il nous offre une disponibilité totalement inédite.

C’est là l’occasion d’actualiser certains articles du Blog, notamment en les illustrant de nos plus récentes productions.

Nous débutons avec celui-ci, consacré au métier de motion designer et ce pour 2 raisons :

  • le motion design est actuellement l’un des seuls formats de contenus vidéos qu’il est possible de produire. La liberté créative qu’il offre déjà en temps normal s’en trouve tout naturellement décuplée.
  • saluer le travail de l’ensemble de nos collaborateurs et amis parmi les motion designers de la team EO Production : Alexis, Nicolas, Pauline, Raphaël.

Bonne lecture

MÉTIER : MOTION DESIGNER !

Parmi tous les techniciens œuvrant dans l’audiovisuel, le motion designer – ça vaut aussi au féminin – est une espèce franchement à part.

Les yeux rivés sur son écran où s’affiche une interface logicielle absolument incompréhensible du néophyte, il quitte rarement sa tanière si ce n’est pour se sustenter et prendre quelques repos mérités. Il se murmure même que certains préfèrent dormir sur leur lieu de travail, bercés par le ronronnement des ventilateurs de leur « bécane » et rassurés par les lumières led qui veillent sur leur sommeil et leurs rêves peuplés de pixels.

Bref, dans tout motion designer, il y a un « geek » qui sommeille.

Du côté du hardware, il souhaite sans cesse optimiser sa station de travail et veille à ce que la carte graphique l’équipant soit toujours renouvelée pour lui offrir des temps de calculs sans cesse plus performants, à savoir plus rapides.

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Le geek des années 80 n’avait pas la capacité de produire du Motion Design, mais question matos il assurait déjà ! Côté moustache aussi.

Du côté du software, sa veille technique le tient en éveil pour toujours disposer de la dernière version de son logiciel fétiche – Adobe After Effects dans la majorité des cas – et se tient prêt à partir en chasse pour tout « plugin » lui offrant de tirer profit de nouveaux effets, nouvelles fonctionnalités.

Vous l’aurez compris : le motion designer est source de dépenses. Pour qu’il se sente bien et qu’il opère dans les meilleures conditions et avec la plus grande performance, il faut savoir le chouchouter.

MOTION DESIGNER : D’OÙ VIENS-TU ?

Comme vous le confirmera la page Wikipédia dédiée à l’art du motion design, il n’existe pas à proprement parler de définition universelle de cette discipline.

Nous nous focaliserons donc ici sur la seule période dite « moderne », soit grosso modo ces 25 dernières années et n’en retiendrons, sur le plan des technologies, que seules qui recourent à des équipements et à des workflows numériques.

Le motion design s’est en effet démocratisé et généralisé de façon concomitante au développement des logiciels offrant d’animer des images et de superposer des strates d’images réelles – « live video » en anglais – avec des animations numériques 2D et/ou 3D pour obtenir des plans composites. C’est pourquoi vous entendrez presque toujours parler de « compositing » lorsque l’on évoque le motion design

Et parce qu’on ne vous prive jamais d’une perle lorsque l’occasion se présente, on vous a dégoté une bande démo datant de 1993, réalisée avec la version 1.1 de After Effects.

Illustrons ici cet engagement des monteurs vidéo vers les technologies du motion design avec un exemple simple et qui parlera assurément au plus grand nombre.

Alors que le montage basculait vers le numérique, avec pour unique interface l’ordinateur et le logiciel de montage requis, il n’a pas pour autant été immédiatement possible d’animer des titres autrement que par des procédés sommaires tels que : apparition et disparition en fondu, en volet (le titre se déploie) en « rolling » (comme le générique d’un film) ou en « crawling » (horizontalement cette fois).

On pouvait bien entendu également leur attribuer une police et un corps de caractère ainsi qu’une couleur mais c’est à peu près tout. Autant dire que c’était plus que limité, ouvrant que peu de champ à la créativité.

Le motion design est venu littéralement dynamiter cette restriction en offrant d’animer des titres et tout type de formes, notamment vectorielle et en intégrant sans cesse de nouveaux outils et technologies, démultipliant ainsi les opportunités créatives. Si on se réfère justement à la seule question du titrage, Il existe désormais une infinité de possibilités pour les animer.

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Le pionnier Adobe McAllister montre la voix à ses compagnons s’ils veulent gagner en efficacité et en créativité.

Sur un projet « sur-mesure », le motion designer pourra ainsi composer des animations de titre 100 % originale. Dans le cas d’une production à plus faible budget et/ou impliquant un délai bien plus contraignant, il pourra puiser parmi les milliers de « templates » – modèles prêts à l’emploi et personnalisables – accessibles sur internet. Qu’ils soient commerciaux ou gratuits.

Car oui il est tout à fait possible de télécharger de façon totalement légale et gratuite des templates de toutes sortes pour After Effects. Comme en témoigne cette vidéo qui fait la promotion d’un pack de templates exploitant les animations en forme de cercles.

2005 : et le motion designer fut !

À l’orée des années 2000, les logiciels de motion design ont connu une telle accélération de leurs capacités, décuplant par la même la créativité des techniciens, que la profession de motion designer s’est véritablement constituée pour se détacher peu à peu de celle du monteur « traditionnel ».

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Les modèles de post-production désormais les plus courants reposent donc aujourd’hui sur ces configurations :

  • pour une vidéo exclusivement composée en animation – que l’on dénomme en anglais par « full motion design » – un ou plusieurs motion designers œuvrent à sa réalisation, se répartissant les tâches avant que leurs productions respectives ne soient fusionnées entre-elles.
  • pour une vidéo en images réelles – live vidéo – enrichies d’animations en motion design, un binôme monteur + motion designer composera un tandem particulièrement efficace. Certains monteurs ont toutefois des compétences si étendues qu’ils peuvent assurer l’intégralité d’une post-production.

On peut de fait aujourd’hui distinguer plusieurs profils de motion designers dont on va maintenant dessiner les contours pour chacun, quitte à grossir le trait en recourant à des profils volontairement stéréotypés.

Car dans la réalité, ces techniciens de l’image ne suivent jamais de trajectoire rectiligne, ni préformatée, mais s’adaptent au contraire sans cesse aux nouveaux outils pour évoluer au gré de leurs aspirations, tant professionnelles que créatives.

LE COMPOSITEUR : LE MOTION DESIGNER QUI AIME EN RAJOUTER DES COUCHES

C’est bien entendu ici une litote : avec ce terme nous souhaitons distinguer le motion designer qui travaille principalement d’après des vidéos en images réelles – « live video » pour rappel.

Ses compétences portent donc principalement sur le fait d’agrémenter, d’enrichir ce contenu live video de titres et/ou d’animations. Il s’agira par exemple de mettre en exergue une fonctionnalité, un plus produit, que la seule captation en images réelles n’offre pas suffisamment d’accentuer.

Illustrons ici le procédé avec l’une des réalisations EO Production pour la société Gradius Remanufacturing.

Mais les possibilités vont beaucoup plus loin. Elles sont même intrinsèquement infinies : sky is the limit!

Exactement de même que l’on peut retoucher une image photographique sous Photoshop, le compositing vidéo permet d’investir le domaine des trucages numériques en intégrant ou en substituant dans le flux des images un ou des objets qui ne s’y trouvaient pas à l’origine.

Ce qui complique ici la tâche c’est qu’à contrario d’une simple photo, un flux vidéo est par essence composé d’une succession d’images au sein desquelles évoluent des personnes, des animaux, des véhicules, ce alors que la caméra peut également être elle aussi en mouvement.

Pour parvenir à des résultats probants, où le trucage est indétectable sauf des professionnels, le ou la technicien(ne) motion designer s’aide d’outils et technologies spécifiques tels que le rotoscoping et le motion tracking.

Ces outils sont directement accessibles dans des logiciels tels que Adobe After Effects ou Nuke, mais encore via des logiciels dédiés tel que Mocha. Et parce qu’une vidéo vaut 1000 mots, illustration concrète ici avec un clip promotionnel de son éditeur Boris FX, consacré aux retraits d’objets dans une vidéo.

Le grand public n’en a ainsi nullement conscience mais l’immense majorité des spots publicitaires qu’ils visionnent sont partiellement voire entièrement truqués.C’est le cas notamment des spots des fabricants automobiles où les voitures mais aussi les décors dans lesquels elles évoluent sont entièrement composés ou complétés en recourant à de l’image 3D. Pour vous en offrir une expérience concrète, visionnez cette vidéo « making-of » et vous ne verrez plus jamais une publicité sans douter dorénavant de la présence réelle du produit qui y figure.

Bien sûr, les réalisateurs et techniciens qui opèrent sur ce type de films, de même d’ailleurs que pour le cinéma, constituent la crème de la crème. Une telle maîtrise impliquent à minima une dizaine d’années d’expérience et d’intégrer des studios disposant des ressources matérielles offrant de traiter les très puissants calculs sollicités

Concernant ce profil, précisons encore qu’il est le seul à réaliser une animation en dessins image par image, héritée donc directement du dessin animée traditionnel. Il utilisera certes toujours des outils numériques telles que la palette graphique et Photoshop, à contrario des celluloïd d’antan, mais pour obtenir un rendu esthétique que seul ce procédé permet d’offrir.

L’ARTISTE : LE MOTION DESIGNER QUI SAIT MANIER LE CRAYON

On va ici distinguer parmi les technicien(ne)s motion designer, celles et ceux qui maîtrisent également le dessin et de façon plus globale l’illustration. Ceux-ci excelleront donc par nature sur les projets sur-mesure en « full animation », à savoir au rendu proche du dessin animé.

Ce profil est nettement plus rare que les autres, il implique une sensibilité et des connaissances solides en histoire de l’art (peinture, dessin, design, architecture) mais encore d’intégrer une formation dont le cursus mixe les techniques traditionnelles et les outils numériques de pointe.

Tout commence toujours par l’acquisition des techniques du dessin !

Parmi les écoles réputées en France, nommons entre autres les Gobelins à Paris, l’école Émile Cohl à Lyon ou l’EMCA à Angoulême, chez qui nombre de grands studios d’animation chassent leur futur talents, avec à la clé bien souvent un ticket d’avion pour les USA, un salaire

Pour les autres, les débouchés restent vastes : production corporate, agences spécialisées en motion design, production TV, etc…

Sachant qu’on peut acquérir sur le net des templates pour représenter absolument tout ce que l’on souhaite, il n’en existe pas moins des projets pour lesquels les clients souhaitent une direction artistique spécifique.

Si le budget le permet, les personnages, les décors, les objets feront alors l’objet d’une création 100% originale, issue de d’illustrations réalisées sur mesure.

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La tablette graphique : l’outil indispensable pour générer des illustrations directement au format vectoriel, avant animation.

Le ou la technicienne travaillera alors en amont selon ses propres habitudes : elle pourra tout autant « jeter » ses premiers croquis sur papier, ou à contrario directement travailler à la tablette graphique. Les 2 sont d’ailleurs également combinables : études (sketches) sur papier puis finalisation à la tablette graphique.

Une fois l’ensemble des « assets » du film validés avec le client, s’amorcera la phase d’animation proprement dite.

C’est sur ce point que les illustrateurs(trices) doté(e)s de compétences en motion design revêtent un atout non négligeable : ils sont les mieux placés pour ne pas « trahir » leur trait et patte graphique lors de la phase d’animation.

Les productions qui en découlent offrent une cohérence formelle supérieure à la majorité des productions. Nous vous offrons ici de visionner cette vidéo EO Production, réalisée par Pauline pour Dentmaster, pour laquelle elle a conçu et dessiné l’intégralité des éléments la composant.

LE POLYVALENT : L’OCTOPUS DU MOTION DESIGN

Pour rappel, l’octopus désigne une espèce de pieuvre à 8 bras et dans le langage courant qualifie une personne dotée d’une grande polyvalence et/ou de la capacité à traiter plusieurs taches à la fois.

On s’intéresse donc ici aux techniciens monteurs qui ont su compléter leurs savoir-faire de compétences plus ou moins étendues en motion design.

Précisons ici que tout monteur se doit désormais de disposer d’un bon bagage en motion design, excepté toutefois ceux visant une carrière dans la production cinéma ou documentaire.

Les formations en montage vidéo intègrent donc dorénavant toujours à leur cursus les techniques du motion design. Il existe toutefois, selon les écoles, de fortes disparités : certaines ne font que les survoler là où d’autres les approfondissent.

Pour les techniciens plus âgés, en activité depuis une quinzaine d’années, il leur a donc fallu acquérir ce savoir et compléter leurs expertises au fil du temps.

C’est donc une question d’affinité autant que de curiosité et de capacité à maîtriser de Dnouveaux outils qui font ici la différence d’un monteur à l’autre. Au sein de EO Production, notre équipe comprend 2 techniciens polyvalents en montage et motion design qu’un réseau d’une cinquantaine de collaborateurs indépendants vient renforcer.

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Nicolas, ici à l’œuvre sur un projet pour notre client Sigvaris, figure parfaitement le profil polyvalent de monteur et motion designeur.

Quand bien même il existe de nombreuses sociétés de productions dédiées à la seule production de vidéos en motion design, toute société de production vidéo se doit aujourd’hui d’intégrer en son sein ce type de profil. Quant aux monteurs qui n’ont su ou souhaiter enrichir leurs compétences en motion design, force est d’admettre qu’il leur est très difficile désormais de valoriser leur CV.

3D ET MOTION DESIGN

La création d’animations en images de synthèse, que l’on nomme également images 3D, compose un domaine à part au sein de la production audiovisuelle. Les prestataires en images de synthèse sont d’ailleurs presque toujours exclusivement spécialisés sur ce type de production. C’est pourquoi il conviendrait de consacrer à cette technologie et à l’ensemble de ses acteurs un article à part entière.

On peut toutefois ici préciser que certains outils offrent désormais de produire des animations 3D dans des délais et selon des enveloppes budgétaires qui satisfont pleinement à la production de contenus vidéos pour les entreprises, notamment pour la communication en digital : web et social media vidéo.

Nous en offrons ici exemple très concret avec l’une des toutes récentes réalisations de EO Production pour le groupe Pebix AVEM. Pour celle-ci, Alexis est parvenu à produire en couplant 2 technologies : 3D Blender et la capture de mouvement Kinect, des animations de personnages extrêmement fluides et dans des temps records, à raison d’une vidéo toutes les 3 semaines !

TEMPS DE CONCLURE

À l’issue de cet article, on espère que vous en savez bien plus sur le métier de motion designer : son profil, ses formations, ses outils, mais encore et surtout son statut désormais incontournable et ultra stratégique au sein de la production vidéo.

Vous devriez donc être maintenant en mesure de visionner et comprendre cette vidéo comme si elle coulait de sources ?